La page des armes du Hezbollah est tournée, affirme le gouvernement libanais

Selon le gouvernement libanais, «la page des armes du Hezbollah est tournée». «L’État est entièrement responsable de la défense de son territoire», assure-t-il. Cependant, la déclaration du Premier ministre Nawaf Salam ne fait pas consensus.
C'est la fin d'une ère pour le Hezbollah. Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a affirmé le 21 mars que «la page des armes du Hezbollah» était «tournée», au moment où la question de l’arsenal du parti chiite est sur le devant de la scène politique au Liban.
Dans une interview accordée à la chaîne saoudienne Al Arabiya, le chef du gouvernement a affirmé que l’expression «peuple, armée, résistance» – une formule prisée par le Hezbollah et qui était au cœur des déclarations ministérielles des gouvernements précédents – appartenait désormais au passé. «La déclaration ministérielle énonce clairement le monopole des armes au sein des institutions de l’État, et tout le monde est engagé à cela, personne ne s’y oppose», a-t-il souligné. Avant de nuancer son propos : «La concentration de l’armement entre les mains de l’État ne se fera pas du jour au lendemain.»
Une déclaration qui fait grincer des dents
La déclaration ministérielle du gouvernement Salam, en continuité avec le discours d’investiture du président Joseph Aoun, marque une rupture notable : pour la première fois depuis les accords de Taëf, elle omet toute référence au «droit du peuple à résister par tous les moyens à l’occupation israélienne». À la place, le nouveau cabinet met l’accent sur le principe selon lequel «l’État est entièrement responsable de la défense de son territoire» et doit «détenir le monopole des armes».
Lors de son entretien, Nawaf Salam a également dénoncé la situation au Liban-Sud. «Israël prend pour prétexte les armes du Hezbollah pour maintenir une présence au Liban-Sud, alors que cette présence est illégale au regard de la loi internationale et de tous les accords», a-t-il déclaré. «Israël doit se retirer totalement du Liban-Sud, et nous faisons pression pour cela. Seul l’État est responsable de libérer les territoires libanais d’Israël», a-t-il insisté. «La communauté internationale reconnaît le rôle efficace de l’armée libanaise au Liban-Sud», a encore noté le chef du gouvernement.
En réaction, le mufti jaafarite, cheikh Ahmad Kabalan, proche du Hezbollah, a critiqué les déclarations de Nawaf Salam. «Effacer la résistance reviendrait à effacer le Liban et sa souveraineté. Personne ne pourra l’effacer», a-t-il souligné. S’adressant au chef du gouvernement, il a lancé : «Vous êtes à la tête du gouvernement d’un pays que la résistance a libéré et qu’elle continue de défendre avec toute sa force et ses sacrifices pour préserver son existence, sa souveraineté et son entité.» Avant de conclure : «L’existence, la souveraineté et le poids du Liban reposent depuis des décennies sur les sacrifices de la résistance et la puissance de ses capacités.»