Ahmed el-Chareh face au défi des milices radicales

Le nouveau président syrien par intérim est aujourd'hui cerné par ses alliances avec des groupes radicaux ayant commis des massacres contre la communauté alaouite. Ahmed el-Chareh avait pourtant insisté sur la dissolution de tous les groupes armés.
Alors que la Syrie a vécu des évènements sanglants ayant entraîné de nombreux massacres au sein de la communauté alaouite, le nouveau gouvernement de Damas doit contenir les éléments radicaux qui l'ont soutenu lors du renversement de l'ancien président Bachar el-Assad.
Le président intérimaire syrien Ahmed el-Chareh redouble d’efforts pour mettre fin à l’insurrection déclenchée dans la soirée du 6 mars par des combattants fidèles à l’ancien gouvernement. Parallèlement, il doit répondre à des représailles meurtrières ayant coûté la vie à plusieurs centaines de civils, en grande majorité alaouites. Le bilan approche les 1000 morts parmi les civils.
Des proches de HTC responsables des massacres ?
Bien qu’il ait multiplié ces dernières semaines les appels à la coexistence et à la protection des minorités, le dirigeant de facto doit désormais faire face à une vague de colère, tandis que la communauté internationale exprime son indignation face aux événements.
Un défi majeur se profile. Ces dernières heures, de nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme militaire ouvrant le feu sur des civils alaouites – minorité dont était issu l’ex-président Bachar el-Assad – ravivant ainsi le spectre d’un conflit confessionnel à grande échelle.
Ces exactions sont principalement attribuées à des figures et membres de groupes extrémistes ayant soutenu Hay’at Tahrir el-Cham (HTC), une organisation islamiste radicale dirigée autrefois par Ahmed el-Chareh avant sa dissolution officielle en janvier dernier. Porté au pouvoir grâce à une coalition de mouvements rebelles menée par le HTC, le nouveau leader syrien a pu s’appuyer sur ces éléments radicaux pour consolider son autorité et initier un processus de transition fragile. Pourtant, ces mêmes forces pourraient aujourd’hui devenir sa principale menace.
Des personnalités directement liées au nouveau gouvernement sont impliquées dans de nombreuses atrocités contre les civils. Parmi les noms les plus cités figure celui du chef militaire Mohammed al-Jassem, alias Abou Amcha, vétéran de plusieurs milices opérant sous la bannière de l’Armée nationale syrienne (ANS). D’après plusieurs observateurs, la majorité des crimes commis depuis jeudi soir sont imputés à la brigade placée sous son commandement ainsi qu’à la division Hamza – toutes deux affiliées à l’ANS et sous le coup de sanctions américaines.