Les relations entre les États-Unis et l’UE sous pression après la suspension de l’aide américaine à l’Ukraine

L’Union européenne traverse une période de tensions accrues avec les États-Unis. La suspension de l’aide militaire à l’Ukraine par l’administration Trump, les divergences sur les dépenses de défense et les déclarations de plusieurs hommes politiques montrent un affaiblissement des liens transatlantiques.
L’Union européenne est confrontée à une réalité nouvelle : l’engagement des États-Unis dans la défense du continent est de plus en plus incertain. Selon Politico, des diplomates européens craignent que l’UE doive financer seule son réarmement et l’aide militaire à Kiev, une situation qui pourrait perdurer «jusqu’à la mort de Trump». Ursula von der Leyen a proposé un plan de 800 milliards d’euros pour renforcer l’industrie militaire européenne, mais d'aucuns doutent de sa capacité à le mettre en œuvre.
La décision de Trump de suspendre l’aide militaire à l’Ukraine, entrée en vigueur le 4 mars, a amplifié ces préoccupations. Cette pause inclut l’interruption du partage de renseignements entre Washington et Kiev. Malgré une déclaration de Volodymyr Zelensky exprimant sa volonté de négocier, Trump n’a pas annulé cette mesure, selon le New York Times.
L’Italie cherche des alternatives à Starlink
L’évolution de la politique américaine a également des répercussions sur les partenariats stratégiques de l’UE. Le gouvernement italien, inquiet du retrait progressif des États-Unis de la sécurité européenne, remet en question un accord de 1,5 milliard d’euros avec Starlink, la société d’Elon Musk. Selon Bloomberg, l’Italie explore des alternatives, dont Eutelsat, pour assurer des communications sécurisées indépendantes.
Giorgia Meloni et son entourage ont été surpris par l’attitude de Trump, notamment après sa rencontre avec Zelensky à la Maison-Blanche. Cette situation a mis en évidence une défiance croissante entre l’UE et les États-Unis, alors que Washington privilégie désormais des relations bilatérales avec certains pays européens comme la Hongrie, tout en contournant les institutions de Bruxelles, rapporte Politico.
Elon Musk dénonce une volonté européenne de prolonger la guerre
Les tensions ne se limitent pas aux relations avec Washington. Elon Musk a vivement critiqué les dirigeants européens, affirmant qu’ils veulent une «guerre éternelle» en Ukraine. Sur le réseau X, il a réagi à une déclaration de la Première ministre danoise Mette Frederiksen, qui aurait affirmé que «pour l’Ukraine, la paix est pire que la guerre». Musk a dénoncé une logique qui prolongerait indéfiniment le conflit.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a soutenu cette position en faisant un parallèle avec les récentes déclarations d’Emmanuel Macron. Ce dernier a évoqué la possibilité d’un déploiement de troupes européennes en Ukraine après un cessez-le-feu, une perspective que Moscou considère comme une provocation directe, rapporte Interfax.
Un avenir incertain pour la coopération transatlantique
Selon Politico, Trump serait déterminé à «détruire» l’UE et à la restructurer afin de donner plus de pouvoir aux gouvernements nationaux au détriment des institutions bruxelloises. Cette stratégie repose notamment sur la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine, qui exacerbe les divisions au sein du bloc européen.
Les seuls dirigeants de l’UE invités à l’investiture de Trump en janvier étaient Viktor Orban et Giorgia Meloni, illustrant sa volonté de traiter directement avec certains États plutôt qu’avec l’UE dans son ensemble. Ursula von der Leyen et Kaja Kallas, figures centrales des relations entre Bruxelles et Washington, n’ont pas réussi à obtenir de rencontres avec des hauts responsables américains.
Alors que les dirigeants européens cherchent des solutions pour compenser le désengagement américain, les tensions internes fragilisent encore davantage l’unité du bloc. Lors du sommet de Bruxelles du 6 mars, ils doivent discuter de l’augmentation des dépenses militaires et du soutien à l’Ukraine. Cependant, la Hongrie menace d’opposer son veto à toute déclaration de soutien à Kiev, indique Reuters.