Le sénateur Ian Brossat dénonce un rapport «aux relents coloniaux» sur l’accord franco-algérien de 1968

En pleine commémoration du 17 octobre 1961, un rapport de députés macronistes proposant de revoir l’accord franco-algérien de 1968 provoque l’indignation de Ian Brossat. Le sénateur communiste accuse le texte de rouvrir les plaies de la guerre d’Algérie et d’attiser les réflexes xénophobes.
Le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, a dénoncé dans un communiqué adressé au site algérien d’information TSA, le 16 octobre, le rapport sur l’accord franco-algérien de 1968, paru la veille et établi par les députés macronistes Charles Rodwell et Mathieu Lefèvre, accusés de « rouvrir les plaies de la guerre d’Algérie » dans un contexte de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à Paris.
Un rapport imprégné d’« obsessions xénophobes »
Ian Brossat accuse ce rapport « nauséabond » de vouloir remettre en cause l’accord franco-algérien sous prétexte qu’il instaurerait « une rupture d’égalité qui fragilise notre ordre juridique et entraîne un surcoût important pour nos finances publiques ». « Alors que nous venons tout juste d’être débarrassés de M. Retailleau au gouvernement, ce rapport reste imprégné des mêmes obsessions xénophobes et des mêmes ficelles populistes : faire croire que les immigrés — et singulièrement les Algériens — seraient responsables de nos difficultés économiques, voire de tous nos maux », a-t-il fustigé.
La date même de la publication du rapport, deux jours avant la commémoration du massacre du 17 octobre 1961, lors duquel des centaines d’Algériens furent tués et jetés dans la Seine pour avoir manifesté pacifiquement contre le racisme, est suspecte selon le sénateur. Il accuse les responsables politiques français de « raviver de vieux relents coloniaux », un fait qu’il qualifie de « honte ».
Plus grave encore, le sénateur pointe une volonté claire de « flatter les réflexes les plus bas et de susciter le ressentiment à l’égard de nos compatriotes d’origine algérienne », rapporte le média algérien.
Rompre l’accord, une « faute politique, morale mais également diplomatique »
Mettant en garde contre la remise en cause de l’accord franco-algérien de 1968, le sénateur communiste a affirmé que « déchirer unilatéralement » l’accord constituerait une « faute politique, morale mais également diplomatique ». « À l’heure où la France devrait affronter son passé colonial et rappeler que la République aime tous ses enfants, le rapport ne vise en réalité qu’à rouvrir les plaies mal cicatrisées de notre histoire », a-t-il déclaré.
Le rapport est aussi accusé d’avoir sciemment passé sous silence le fait que la France avait besoin de « bras pour soutenir son économie », cet accord visant à faciliter la venue et l’installation des travailleurs algériens et de leurs familles à l’époque où il a été signé, après l’indépendance algérienne.
Balayant l’argument avancé par le rapport des deux parlementaires, qui ont estimé son coût à deux milliards d’euros — une somme qui justifierait, selon eux, sa remise en cause —, le sénateur a indiqué que l’accord est devenu une coquille vide au terme des révisions qui lui ont été apportées.
Ce nouveau rapport semble constituer un nouvel épisode dans la série de dégradations des relations entre la France et l’Algérie, déclenchée par la décision du président français de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024. Depuis cette date, plusieurs mesures et contre-mesures ont été entreprises par les deux pays, approfondissant encore la crise politique et diplomatique.