Allemagne, France et Royaume-Uni : les locomotives européennes en difficulté

La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, anciennes locomotives européennes, traversent des crises distinctes, freinant la zone euro malgré sa croissance prévue. La France souffre politiquement, l’Allemagne industriellement, et le Royaume-Uni financièrement. L’Espagne et la Pologne émergent comme de nouveaux moteurs.
L’Europe traverse une période de turbulences économiques et politiques, avec la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, autrefois piliers du continent, en proie à des crises distinctes.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a résumé cette déchéance lors d'une interview sur RTL le 10 octobre, déclarant : « La France, jadis locomotive de l’Europe, est aujourd’hui à la traîne. » Alors que la zone euro anticipe une croissance de 1,3 % à 1,4 % en 2025, portée par l’Espagne (2,6 %) et la Pologne (3,2 % selon Standard & Poor’s), les trois grandes puissances peinent.
La France, en pleine crise politique après la démission du premier gouvernement de Sébastien Lecornu, risque de ne pas adopter de budget d’ici fin 2025, avec une croissance chutant à 0,7 % (contre 1 % sans instabilité, selon Natixis), soit une perte estimée à 0,2 point liée à l’incertitude. Les ménages épargnent massivement (19 % du revenu disponible) et les entreprises freinent leurs investissements.
Une Europe en panne
En Allemagne, la stagnation économique, entrée dans sa troisième année, est avant tout industrielle : le choc du gaz russe, la transition automobile et les droits de douane américains (15 %) ont réduit la production industrielle de 4,3 % en août (Oxford Economics). Malgré un plan de relance de 500 milliards d’euros sur dix ans, annoncé par Friedrich Merz en mars et visant les infrastructures et la défense (3,5 % du PIB d’ici 2029), le rebond tarde.
Michel Martinez (Société Générale) note que l’Allemagne pourrait se redresser, laissant la France en retard. Le Royaume-Uni, hors UE, subit une inflation persistante (3,4 %) et un déficit de 5,7 % du PIB en 2024, proche de celui de la France. Les marchés s’inquiètent, avec des taux d’intérêt à dix ans à 4,7 %, et des économistes évoquent un possible recours au FMI, un spectre ressurgi depuis 1976.
Ces crises, exacerbées par la pandémie, la guerre en Ukraine et les tensions sino-américaines, contrastent avec le dynamisme d’autres pays européens. La France (20 % du PIB de la zone euro), l’Allemagne (25 %) et le Royaume-Uni, malgré son Brexit, influencent encore l’économie continentale. Villeroy de Galhau appelle à une « Europe forte » face aux défis géopolitiques (droits de douane de Trump, surcapacités chinoises), mais l’absence de coordination risque de prolonger cette léthargie.