L’Insee dresse un sombre tableau pour l’économie française en 2025

L’Insee prévoit une croissance atone de 0,6 % en 2025, freinée par une consommation hésitante, des investissements en berne et un commerce extérieur déficitaire. Le chômage grimperait à 7,7 %, tandis que les restrictions budgétaires accentuent les incertitudes dans un contexte géopolitique tendu.
L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié le 18 juin une note de conjoncture alarmiste pour l’économie française. Après une croissance de 1,1 % en 2024, le PIB ne progresserait que de 0,6 % en 2025, un chiffre inférieur aux 0,7 % espérés par le gouvernement.
Cette prévision, marquée par un ralentissement généralisé, reflète l'état d'une France à la traîne par rapport à la zone euro, où une timide reprise se dessine. Dans un contexte de crise de la dette, les indicateurs sont au rouge pour Paris.
Épargne en hausse, investissements en chute
La consommation des ménages, moteur traditionnel de l’économie, stagne à +0,7 %, en phase avec un pouvoir d’achat en faible hausse (+0,7 % après +2,5 % en 2024). Malgré une inflation modérée (1,1 % fin 2025), les Français privilégient l’épargne, avec un taux de 18,2 % en moyenne, porté par les retraités, dont les pensions ont été revalorisées (+5,3 % en 2024) mais n’ont pas stimulé la consommation.
Selon l’Insee, plus de la moitié des épargnants déclarent mettre de l'argent de côté pour « se protéger en cas de coup dur ».
Épargne | Plus de la moitié des épargnants déclarent mettre de l'argent de côté pour se protéger en cas de coup dur.
— Insee (@InseeFr) June 18, 2025
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Cet attentisme, alimenté par les incertitudes géopolitiques et économiques, freine la demande intérieure, qui ne contribuerait qu’à 0,5 % à la croissance.
Les investissements restent dans le rouge (–0,5 % après –1,3 %), touchant les entreprises (–0,8 %), les ménages (–0,6 %) et les administrations publiques (–0,6 %), malgré une légère reprise dans la construction. Les entreprises font face à des taux d’intérêt élevés et à une surtaxe prévue dans le budget 2025, tandis que les collectivités réduisent leurs dépenses face à un effort budgétaire de 40 milliards d’euros pour ramener le déficit public à 5,4 % du PIB.
Un commerce extérieur devenu frein à la croissance
Le commerce extérieur, après deux années de soutien, devient un boulet, amputant la croissance de 0,7 point. Les exportations, hors aéronautique et naval, stagnent, tandis que les importations progressent, affectées par des aléas climatiques sur l’électricité et l’agriculture. Les droits de douane américains pourraient coûter 0,1 point de PIB en 2025, et jusqu’à 0,6 point en 2026.
Emploi en berne, croissance verte par défaut
Sur le front de l’emploi, la situation se dégrade : 210 000 postes salariés seraient supprimés d’ici fin 2025, portant le chômage à 7,7 % (contre 7,4 % actuellement).
La faible croissance limite les embauches, tandis que la réforme des retraites, qui fait encore l’objet de vifs échanges à l’Assemblée et menace même le gouvernement, ainsi que la prolongation des études par les jeunes ralentissent l’expansion de la population active.
Seule note positive : les émissions de gaz à effet de serre reculeraient de 1,3 %, reflet paradoxal de cette stagnation économique.