Emmanuel Macron face aux Français sur TF1: politique intérieure, Ukraine et débat avec la CGT

Lors de l’émission spéciale «Emmanuel Macron – Les défis de la France» diffusée sur TF1 le 13 mai 2025, le chef de l’État a tenté de répondre aux critiques sur son bilan national, sa politique étrangère et a affronté la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, dans un échange musclé sur les licenciements et la réforme des retraites.
Diffusée à 20h10 ce 13 mai sur TF1, l’émission « Les défis de la France » a vu Emmanuel Macron répondre en direct à Gilles Bouleau, à Darius Rochebin, à des membres de la société civile et à plusieurs figures politiques et syndicales. L’objectif affiché : « redonner de la perspective ». Mais les réactions contrastées, tant sur les réseaux sociaux que sur le plateau, montrent la distance croissante entre l’Élysée et une partie de la population.
Sur la situation intérieure, Emmanuel Macron a reconnu que « le pays se caractérise par un pessimisme sur lui-même » tout en défendant son bilan: gestion des crises, baisse du chômage et relance industrielle. « On a repris du muscle », a-t-il affirmé, malgré les critiques des micro-trottoirs diffusés en début d’émission, où des citoyens dénonçaient un président « déconnecté » qui « ruine le pays ». Macron s’est voulu rassurant: « Je ne dis pas que tout a été bien fait ces huit dernières années» , tout en mettant en avant les créations d’emplois et les politiques de transition écologique.
Conflit en Ukraine et posture militaire française
Concernant l’Ukraine, Emmanuel Macron a maintenu la ligne française d’un soutien sans engagement direct. « On a décidé d’aider l’Ukraine, mais de ne jamais rentrer dans une escalade », a-t-il déclaré, assurant que les Occidentaux « ne veulent pas déclencher de troisième conflit mondial ». À propos des avoirs russes gelés, il a reconnu qu’il n’y avait « pas de cadre légal » pour les utiliser. « Ce n’est pas une bonne idée aujourd’hui », a-t-il ajouté. Le président a aussi évoqué la possibilité de « nouvelles sanctions contre la Russie », en coordination avec les États-Unis, si aucun cessez-le-feu n’était respecté.
Si les Européens veulent rester libres, il faut se mettre en situation de s'armer, d'être solidaires et de dissuader, souligne le président français
Sur le terrain militaire, Emmanuel Macron a insisté sur le « réveil géopolitique » et sur l’adaptation à une « économie de guerre ». Il a mentionné le doublement du budget de la Défense à l'horizon 2030 et la hausse des cadences de production d’armement. Il a rappelé que la France possèdait « la seule armée européenne indépendante » et n’a pas exclu d’ouvrir des discussions sur la dissuasion nucléaire avec d’autres pays, comme la Pologne.
Sur le plan économique international, il a vivement critiqué la politique douanière de Donald Trump, l’accusant de nuire à la croissance américaine. « L’Europe vit une crise industrielle, aggravée par la concurrence déloyale asiatique et les décisions de Washington », a dénoncé le président, affirmant vouloir « se battre avec l’administration américaine pour revenir à la situation antérieure ».
Affrontement avec Sophie Binet sur l’industrie et les retraites
L’échange le plus tendu a opposé Emmanuel Macron à la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Cette dernière a interpellé le président sur les plans sociaux massifs en France, notamment celui d’ArcelorMittal, où 600 suppressions de postes sont prévues. « Allez-vous nationaliser ArcelorMittal ? », a-t-elle lancé. Le chef de l’État a refusé: « Ce serait dépenser des milliards d’euros (...). La réponse, c’est une politique européenne qui protège notre acier ». Macron a défendu son action, rappelant la création de 150 000 emplois industriels entre 2017 et 2024, mais Binet a rétorqué: « Encore une fois, vous refusez d’affronter les multinationales ».
Sur la réforme des retraites, le président a fermé la porte à tout référendum. « La réponse est non », a-t-il tranché. Selon lui, cette réforme est indispensable pour éviter des déficits croissants et permettrait d’économiser 17 milliards d’euros. Sophie Binet a dénoncé une injustice sociale et proposé de sanctionner les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale entre hommes et femmes afin de financer les retraites.