Radiation de Nicolas Sarkozy de l’Ordre national du mérite : un dossier très délicat pour Emmanuel Macron

Radiation de Nicolas Sarkozy de l’Ordre national du mérite : un dossier très délicat pour Emmanuel Macron© Wiki commons
Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy réunis lors de la visite du président israélien Isaac Herzog en France en mars 2022.
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Condamné pour corruption en 2024, Nicolas Sarkozy risque la radiation de l’Ordre national du mérite et de la Légion d’honneur. Entre défense de la fonction présidentielle et exigence d’exemplarité, le dossier divise et place Emmanuel Macron face à un choix délicat.

La condamnation définitive de Nicolas Sarkozy en décembre 2024 dans l’affaire des écoutes, pour corruption et trafic d’influence, a ouvert un chapitre inédit dans l’histoire politique française. L’ancien président de la République, décoré de la grand-croix de la Légion d’honneur en 2007 en tant que chef d’État et membre de l’Ordre national du mérite, pourrait perdre ces distinctions prestigieuses. Ce dossier, préparé par la grande chancellerie sous la direction du général François Lecointre, soulève des questions juridiques, symboliques et politiques complexes, plaçant Emmanuel Macron, grand maître de l’ordre, dans une position inconfortable.

Une condamnation qui entraîne l’exclusion de Nicolas Sarkozy

Le Code de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite est clair : une condamnation à une peine d’emprisonnement sans sursis d’au moins un an entraîne l’exclusion automatique des ordres nationaux. Avec une peine de trois ans, dont un an ferme aménagé sous surveillance électronique, Nicolas Sarkozy remplit ces critères même s’il continue de clamer son innocence.

Selon Mediapart, le dossier de radiation est prêt, et la procédure disciplinaire, déjà anticipée depuis plusieurs années, n’attend plus que la validation formelle de la décision judiciaire. Le général Lecointre a d’ailleurs publiquement affirmé en mars 2025 que le retrait de ces distinctions était « de droit », soulignant l’obligation d’exemplarité des décorés.

Pourtant, Nicolas Sarkozy ne compte pas se résigner. Son avocat, Me Patrice Spinosi, argue que la grand-croix n’est pas liée aux mérites personnels de l’ancien président, mais à sa fonction de chef d’État, qui lui conférait automatiquement le titre de grand maître de l’ordre. Selon lui, retirer cette distinction porterait atteinte à l’institution présidentielle elle-même. Cette défense, inspirée de la théorie des « deux corps du roi », vise à dissocier l’homme, condamné, du président, intouchable. Un argument jugé peu républicain par des voix comme celle de Julien Bayou, qui y voit une tentative de revendiquer une impunité indue.

Le débat dépasse le cas personnel de Nicolas Sarkozy. La radiation d’un ancien président serait une première depuis le maréchal Philippe Pétain, déchu en 1945. Une telle mesure, bien que juridiquement fondée, pourrait être perçue comme une humiliation publique, voire une atteinte à la stature de la présidence. Emmanuel Macron, qui a entretenu des relations cordiales avec son prédécesseur, devra trancher par décret, un choix éminemment politique. Temporiser, comme certains le suggèrent, pourrait apaiser les tensions, mais au risque de fragiliser la crédibilité de l’ordre.

Ce précédent s’inscrit dans un contexte où d’autres figures, comme François Fillon, condamné en 2024, attendent également une radiation imminente. La grande chancellerie, qui traite chaque année une quinzaine de sanctions disciplinaires, semble déterminée à faire respecter les règles, malgré les pressions. Pour les détracteurs de l’ancien président, laisser un condamné porter ces décorations serait une insulte aux valeurs républicaines et aux milliers de récipiendaires honorés depuis deux siècles. Le verdict, attendu dans les mois à venir, pourrait marquer un tournant dans la gestion des distinctions nationales.

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