La France reporte à 2038 la mise en service du premier réacteur nucléaire EPR2

Lors du Conseil de politique nucléaire du 17 mars à l’Élysée, Emmanuel Macron a rappelé à EDF ses engagements pour la construction des six réacteurs EPR2. L’entreprise doit présenter un chiffrage précis d’ici la fin de l’année. La mise en service du premier réacteur est repoussée à 2038, un retard qui inquiète.
Lundi 17 mars, Emmanuel Macron a présidé la quatrième réunion du Conseil de politique nucléaire (CPN) afin de faire un point d'étape sur la relance du nucléaire en France. L'Élysée a mis EDF sous pression, exigeant un chiffrage «engageant» en termes de coûts et de délais d'ici la fin de l'année. L’objectif est d’assurer une meilleure maîtrise industrielle du projet, alors que les précédentes expériences ont été marquées par des retards et des surcoûts considérables.
La première mise en service d’un réacteur EPR2, initialement prévue pour 2035, est désormais repoussée à 2038. Un retard qui rappelle les difficultés du secteur, notamment le projet de Flamanville qui a accumulé 13 ans de retard et des surcoûts atteignant 12 milliards d’euros. La Cour des comptes a d’ailleurs souligné en janvier dernier que le coût du programme EPR2, estimé en 2022 à 51,7 milliards d’euros, est désormais évalué à 67,4 milliards d'euros et pourrait atteindre près de 80 milliards d’euros en tenant compte de l’inflation.
Le financement du programme a également été au cœur des discussions. L’État prévoit d'accorder un prêt bonifié couvrant au moins la moitié des coûts de construction. Ce modèle de financement, similaire à celui validé par la Commission européenne pour la centrale tchèque de Dukovany, permettra à EDF de sécuriser son investissement final prévu pour 2026. En complément, un contrat garantira un prix de rachat de l’électricité produite à hauteur de 100 euros/MWh.
Outre les réacteurs EPR2, l’Élysée a décidé d’accorder un accès au site nucléaire de Cadarache à la start-up Calogena pour le développement d’un mini-réacteur. Selon Les Échos, cette initiative s’inscrit dans la volonté du gouvernement de soutenir les petits réacteurs modulaires (SMR), perçus comme un élément clé de l’avenir énergétique français. D’autres sites comme Marcoule pourraient également être mis à disposition pour ce type de projet.
Enfin, la question de l’approvisionnement en uranium a été abordée. Après la perte d’accès aux mines du Niger en 2023, l’État a validé une nouvelle stratégie de développement minier pour Orano. La société publique a récemment signé des accords avec l’Ouzbékistan et la Mongolie pour sécuriser ses approvisionnements, tout en obtenant un prêt de 400 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement pour moderniser son usine d’enrichissement de Tricastin.
Le Conseil de politique nucléaire a également relancé la recherche sur la «fermeture du cycle du combustible», un projet qui permettrait à terme de recycler indéfiniment le combustible nucléaire usé. EDF, Framatome et Orano devront présenter une feuille de route d’ici fin 2025. Cette initiative vise à réduire la dépendance de la France aux importations d’uranium.
Si le président français souhaite accélérer la relance du nucléaire, les obstacles restent néanmoins nombreux, notamment en matière de maîtrise des coûts et des délais. L’année 2026 sera décisive pour EDF, avec la décision finale concernant l’investissement sur les réacteurs EPR2.