L’Unesco achève l'«Histoire générale de l'Afrique» débarrassée de la perception coloniale

L’organisation onusienne a lancé à Paris les trois derniers volumes et ressources de l’«Histoire générale de l’Afrique», dans le cadre d’un projet historique élaboré par et pour les Africains pour débarrasser le continent de la perception coloniale et rendre accessible la richesse civilisationnelle africaine aux jeunes générations.
Lancé en 1964, à un moment où les nations africaines accédaient à leur indépendance, le projet d’une fresque historique africaine, intitulée Histoire générale de l'Afrique, a vu le jour sous l’égide de l’Unesco. L’organisation a achevé cette œuvre, publiant ses trois derniers volumes le 17 octobre. Pour le lancement officiel de nouveaux volumes et d’outils pédagogiques dédiés à l’histoire africaine une assemblée a été réunie, composée d’historiens, de linguistes, d’enseignants, de représentants de gouvernements africains, de chercheurs et d’acteurs culturels.
Pour l’organisation onusienne, l’objectif d’une telle entreprise est de raconter l’histoire de l’Afrique du point de vue africain, débarrassée des déformations coloniales. Durant les trois décennies qui ont suivi le lancement de ce chantier historique, l’Unesco s'est assurée la contribution de figures intellectuelles majeures, africaines et mondiales, parmi lesquelles Djibril Tamsir Niane, Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Ali Mazrui et Gamal Mokhtar pour porter un nouveau regard à l’enseignement de l’histoire africaine et la rendre plus fidèle aux réalités du continent, mieux comprise et plus accessible aux jeunes générations.
Mettre en valeur la richesse des civilisations africaines
Pour mener à bien cette œuvre, un comité scientifique majoritairement africain, composé de 550 spécialistes, a eu la charge de rédiger les huit premiers volumes de l’Histoire générale de l'Afrique, depuis les civilisations anciennes du continent jusqu’à son histoire la plus récente. L’approche historique pour l’élaboration de l’ouvrage s’est basée sur les savoirs issus des traditions orales, des archives écrites, des recherches scientifiques et des découvertes archéologiques, le tout rédigé en 13 langues, incluant des langues africaines comme le peul, le haoussa et le kiswahili.
Nouvelles sources pédagogiques et éducatives de l’histoire africaine
Jusqu’en 1993, l'Histoire générale de l'Afrique comptait huit tomes, avant son achèvement avec la publication des volumes IX, X et XI qui viennent rappeler que l’histoire du continent ne se limite pas qu’à l’esclavage et à la colonisation. L’ouvrage met plutôt un accent particulier sur la richesse des civilisations anciennes, des échanges intellectuels et artistiques, des traditions religieuses et politiques qui sont autant d’éléments largement négligés. « Avec ces trois nouveaux volumes de l’Histoire générale de l’Afrique, c’est une voix plurielle, libre et vivante de l’histoire de l’humanité que nous redécouvrons », a déclaré Audrey Azoulay, la directrice générale de l'Unesco, à l’occasion de la parution des volumes finaux. Elle a aussi ajouté qu’« en restituant à l’Afrique la maîtrise de son récit, cette œuvre collective met en lumière la richesse de ses savoirs, la force de ses diasporas et l’apport essentiel du continent à notre humanité commune ».
L’ouvrage est accompagné d’un guide pédagogique destiné aux ministères de l'Éducation pour intégrer des contenus africains contemporains dans les programmes scolaires. Un jeu vidéo intitulé African Heroes, qui est aussi proposé en téléchargement gratuit, a été créé pour les jeunes, afin de les inciter à découvrir les parcours de dix figures emblématiques issues de l’Afrique et de sa diaspora. Ces initiatives visent à transmettre une histoire libérée des préjugés et à donner aux jeunes générations les moyens de comprendre la diversité et la richesse des héritages africains, selon l’Unesco.