Le président gabonais annonce la fin des bourses d'études vers les États-Unis et le Canada dès 2026

Le gouvernement gabonais va mettre fin à l’attribution de bourses d’études vers les États-Unis et le Canada. Cette décision, annoncée par le président Oligui Nguema, vise à lutter contre la fuite des cerveaux et à recentrer les aides vers des pays africains où les étudiants sont plus susceptibles de rentrer au pays après leur formation.
Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a annoncé, début juillet 2025, la suspension, dès l’année 2026, des bourses d’études accordées aux étudiants souhaitant poursuivre leur cursus supérieur aux États-Unis et au Canada. Cette déclaration a été faite lors d’une rencontre officielle avec la diaspora gabonaise aux États-Unis, en marge du mini-sommet USA–Afrique dirigé par le président américain Donald Trump.
Cette mesure s’inscrit dans une volonté ferme de réforme budgétaire et de rationalisation des dépenses publiques. Le chef de l’État a justifié cette décision par le coût jugé excessif des études dans les pays occidentaux et l'inefficacité de ces investissements. Il a affirmé : « Les études coûtent cher et ceux qui viennent ici ne reviennent jamais. » Il estime que ces bourses ne profitent pas au pays, car une majorité des diplômés choisit de rester en Amérique du Nord, où les opportunités salariales sont plus attractives.
D’après les chiffres, l’envoi d’étudiants gabonais à l’étranger représente chaque année entre 30 et 80 millions de dollars, un poids financier qui ne génère pas de bénéfices concrets pour le Gabon, d’après le président Oligui Nguema. « On préfère donner la bourse à des étudiants qui vont au Sénégal, au Ghana, au Maroc, parce qu’on sait qu’ils vont revenir », a-t-il expliqué.
Priorité à l’Afrique et retour sur investissement humain
Cette orientation ne signifie pas la fin des bourses à l’international, mais leur redirection vers des pays africains où les conditions de retour au pays sont meilleures. Le président a ajouté que le manque d’opportunités économiques au Gabon pousse les diplômés à rester à l’étranger et que cette tendance doit être inversée si le pays veut tirer profit de ses investissements en éducation.
En 2024, le gouvernement gabonais avait alloué près de 92 milliards de francs CFA aux bourses scolaires et universitaires. La même année, de nouvelles restrictions ont été introduites : seuls les étudiants inscrits dans des établissements publics à l’étranger pouvaient bénéficier de l’aide de l’État. De plus, des critères académiques plus stricts ont été appliqués pour les lycéens et collégiens gabonais.
Le président a également critiqué les cas de double nationalité parmi les étudiants, indiquant que cela affaiblit l’attachement au pays et ouvre la voie à une perte de compétences stratégiques pour le Gabon.
Construire l’avenir avec des cadres formés pour revenir
Avec cette réforme, l’objectif affiché est clair : mettre fin à une politique coûteuse et inefficace, et investir dans une formation régionale qui garantira un retour des talents au service du développement national. Cette réorientation promeut une coopération Sud–Sud plus pragmatique, éloignée de la place centrale et traditionnelle des pays occidentaux, et renforce le lien entre la jeunesse formée et les besoins réels du pays.
Le président gabonais a invité les familles à adapter les choix académiques de leurs enfants : « Si vous avez des enfants, orientez-les vers le Sénégal, le Ghana ou le Maroc. Ils auront des bourses, et ils reviendront. » Une ligne de conduite désormais officielle dans la politique éducative du Gabon.