Le Niger suspend la BBC et porte plainte contre RFI

Le Niger suspend la BBC et porte plainte contre RFI© RS
Le ministre de la Justice du Niger, Alio Daouda (photo d'archives)
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Les autorités du Niger ont annoncé la suspension de la radio britannique BBC, accusée de diffuser de «fausses informations», ainsi que le dépôt d'une plainte contre la radio française RFI pour «incitation au génocide et au massacre intercommunautaire».

Au Niger, les autorités ont annoncé le 12 décembre la suspension des programmes de la radio britannique BBC «avec effet immédiat et pour une durée de trois mois», et ont décidé de porter plainte contre la radio française RFI (Radio France Internationale), déjà suspendue dans le pays depuis juillet 2023. La première est accusée de diffuser de «fausses informations» tandis que la deuxième sera poursuivie pour «incitation au génocide et au massacre intercommunautaire».

«La BBC diffuse des informations erronées tendant à déstabiliser la quiétude sociale et à saper le moral des troupes», indique une déclaration du gouvernement diffusée à la télévision publique RTN, alors qu’un communiqué distinct publié par l’agence de presse d’État ANP stipule qu’«une vaste campagne de désinformation» aurait été «orchestrée» par RFI «dans un montage grossier et honteux à relents génocidaires».

Les responsables de ce pays du Sahel, en proie à des attaques terroristes meurtrières, reprochent aux deux médias d’avoir relayé des bilans non-officiels et qui plus est exagérés concernant les victimes militaires et civiles des derniers attentats perpétrés dans le pays, à un moment où – relèvent les autorités – des «efforts remarquables» ont été «déployés par les forces de défense et de sécurité au niveau des différentes zones d’opérations».

«Apologie de l’impuissance» de l’armée

La veille, des médias locaux et internationaux ont rapporté que le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS) avait perpétré un attentat le 10 décembre dans la région de Tillabéri. Alors qu’aucun bilan officiel n’avait été publié jusque-là, RFI avait évoqué la mort d’«au moins 90 soldats» ainsi qu'«une cinquantaine de civils» dans la localité de Chatoumane. La BBC avait quant a elle fait état de «130 morts».

La presse locale avait pourtant relayé un bilan beaucoup moins lourd, confirmant au moins neuf morts dans les rangs des militaires, dont les noms ont notamment été cités par le Journal du Niger, ainsi qu’un blessé et un disparu.

Lors d’un point de presse le 12 décembre, le ministre de la Justice Alio Daouda, cité par Le Sahel, a précisé que le bilan officiel était de 10 soldats de l’armée et de 30 terroristes tués, non pas à Chatoumane comme l’indiquaient la BBC et RFI mais lors d’un accrochage près de la frontière malienne.

Aucun civil ne se trouvait sur les lieux, a-t-il encore précisé, fustigeant au passage «l’apologie de cette supposée impuissance de nos FDS (Forces de défense et de sécurité, ndrl) longtemps véhiculée par la France». Les dix militaires morts ont été enterrés lors d’une cérémonie solennelle suivie par les médias.

«Allégations diffusées par des canaux officieux»

Auparavant, des médias locaux relayés par la presse internationale avaient fait état d’attentats perpétrés le 5 décembre par l’EIGS dans cette même région de Tillabéri et qui auraient causé la mort de 21 civils à Kurmey et 43 soldats à Terra.

Le gouvernement du Niger a par ailleurs démenti en bloc toutes ces informations, dans un communiqué publié le 12 décembre par l’ANP, les qualifiant d’«allégations diffusées par des canaux officieux».  

Le Niger, dirigé par le général Abdourahamane Tiani depuis le coup d'État de juillet 2023, est confronté à une montée des groupes terroristes et des mouvements rebelles au même titre que ses deux voisins, le Mali et le Burkina Faso.

Afin de faire face à l'insécurité et aux défis posés par le terrorisme, Niamey s'est allié à Ouagadougou et Bamako en actant le 6 juillet la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), dans la continuité d'un pacte de défense mutuelle signé en septembre 2023.

Les trois États sahéliens avaient annoncé le 28 janvier dernier leur retrait de la Cédéao, une organisation qu’ils jugent instrumentalisée par la France, justifiant cette décision par l’ingérence de puissances étrangères et la non-assistance de la Cédéao dans la lutte contre le terrorisme.

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