Vive concurrence entre l’Algérie et le Maroc pour le mégaprojet de gazoduc Nigéria-Europe

Vive concurrence entre l’Algérie et le Maroc pour le mégaprojet de gazoduc Nigéria-Europe© La Nouvelle Tribune
Gazoduc (photo d'illustration)
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Le projet de gazoduc censé relier le Nigéria à l’Europe est au centre d’une bataille pour le moins acharnée entre l'Algérie et le Maroc. Les deux pays nord-africains jouent des coudes pour que ce gazoduc passe par leur territoire.

À travers le désert ou le long des côtes ouest-africaines ? Depuis plusieurs années, deux mégaprojets de gazoducs devant relier le Nigeria à l’Europe pour alimenter celle-ci, sont en rude concurrence : le Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), lancé par l’Algérie, et le Nigeria-Morocco Gas Pipeline (NMGP), conçu par le Maroc. Les retombées tant économiques que géopolitiques du gazoduc constituent, pour ces deux pays rivaux du Maghreb, un enjeu de prime importance.

Du côté du Nigéria, les choses semblent avancer: le 21 juin dernier, la Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC) déclarait, citée par le média Arise, que le projet de tronçon de gazoduc Ajaokuta-Kaduna-Kano (AKK), long de 614 kilomètres, serait achevé d'ici au premier trimestre 2025. Reste que la solution entre l'Algérie et le Maroc se fait toujours attendre. 

Le TSGP, censé relier le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger, est un projet de longue date qui prévoyait 4 128 km de longueur pour un coût estimé à 13 milliards de dollars. Conçu depuis les années 80, le mégaprojet semblait prometteur. Mais, quarante ans plus tard, il est toujours au point mort bien qu’il soit très rentable et représente un gain de temps non négligeable.

Projet beaucoup plus récent, le NMGP marocain propose, quant à lui, de longer les côtes ouest-africaines au large de treize pays. Annoncé en grande pompe par le roi Mohammed VI lors d’une visite officielle au Nigeria en 2016, sa longueur est évaluée à 5 660 km et son coût estimé à 25 milliards de dollars. Plus cher, et plus long que son concurrent TSGP, ce projet garantit néanmoins une plus grande sécurité à ses infrastructures grâce à sa dimension « offshore » (en mer, ndlr).

Ayant chacun ses défenseurs et ses détracteurs, les deux mégaprojets se livrent bataille.

« Aussi facile que d’ouvrir le robinet »

Côté algérien, le ministre de l'Énergie Mohamed Arkab, avait affirmé le 18 mai dernier depuis l’Italie, que son pays œuvrait « d'arrache-pied » afin de « renforcer » le projet du gazoduc transsaharien. « 2 200 km sur 4 000 km sont déjà une réalité », avait annoncé le ministre algérien, assurant que les infrastructures de son pays étaient « prêtes », en attendant de « compléter celle des deux pays voisins » (le Niger et le Nigeria, NDLR).

Une fois fait, apporter le gaz au client final à Madrid serait « une question d’heures ». « Aussi facile que d’ouvrir le robinet », avait souligné M. Arkab.

Le 18 décembre 2023, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar avait affirmé, depuis la ville d’Oran en Algérie, que le TSGP réalisait des « progrès significatifs et notables ». Le projet du TSGP relie les trois pays sur une longueur de 4 128 km, dont 1 037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2 310 km en Algérie, avait précisé le chef de la diplomatie du Nigéria.

En février 2022, l'Algérie, le Niger et le Nigeria avaient affirmé leur engagement à concrétiser ce projet stratégique, lors d'une réunion à Niamey regroupant les ministres chargés du secteur de l'énergie dans les trois pays, à l'issue de laquelle une « feuille de route » a été mise en place.

En juillet de la même année, un mémorandum d'entente a été signé à Alger, portant sur la concrétisation du projet du TSGP. Les trois pays ont affiché, à l'occasion, leur détermination à « relancer les études » et les différents programmes tracés dans ce cadre.

Nouvelle route énergétique vers l’Europe

Le Maroc, quant à lui, espère profiter des « développements récents » qui « indiquent une dynamique changeante », faisant référence au coup d’État militaire au Niger, mais aussi aux groupes djihadistes et aux mercenaires qui sévissent depuis le Mali voisin et, selon la presse marocaine, pourraient constituer une menace sécuritaire pour le gazoduc rival algérien.

En mars 2024, l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) a annoncé qu’il se préparait « activement » à concrétiser le projet du NMGP, annonçant la création d’une société dédiée à la supervision du gazoduc Nigeria-Maghreb.

Ce plan stratégique, révélé par le média marocain Hespress, vise à « couvrir les aspects du financement, de la construction et de l’exploitation », ainsi qu’à « attirer un éventail d’investisseurs, incluant des fonds souverains, des institutions bancaires et des poids lourds du secteur pétrolier ».

En juin 2022, la construction du futur gazoduc qui doit relier l’Afrique à l’Europe avait « franchi une nouvelle étape », rapportait l’AFP et Jeune Afrique. Le Nigeria avait annoncé un protocole d’accord entre sa compagnie pétrolière publique NNPC avec l’organisation régionale ouest-africaine CEDEAO) dans le cadre du projet de construction du gazoduc avec le Maroc.

Outre le transport de gaz vers l’Europe, le projet envisagerait, à en croire La Nouvelle Tribune, d’alimenter en gaz des nations africaines, tant côtières qu’enclavées, telles que le Niger, le Burkina Faso et le Mali, consolidant ainsi les engagements pris en 2022 avec la CÉDÉAO.

En 2021, le Nigeria et le Maroc avaient déclaré que le gazoduc aurait une longueur de 5 660 km et que la construction se ferait par étapes, « sur vingt-cinq ans », rapportait encore Jeune Afrique.

Dans ce contexte, une rivalité s’est dessinée entre ces deux nations rivales du Maghreb, toutes deux désireuses de jouer un rôle central dans la nouvelle route énergétique vers l’Europe.

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